Voici une copie de la lettre envoyée par notre Président, Sylvain Bisaillon, en date d’hier à la SODEC pour exposer la situation difficile que vive les travailleurs, les travailleuses ainsi que les exploitants de cinémas.
7 avril 2020
Nancy Florence Savard
Présidente du Conseil National du cinéma et de la production télévisuelle
SODEC
Objet : Covid-19/situation des travailleuses et travailleurs des salles de cinéma du Québec
Bonjour,
Depuis le 16 mars dernier, toutes les salles de cinéma du Québec sont fermées en vertu de la décision gouvernementale d’interdire les rassemblements intérieurs, et ce, afin de combattre la pandémie causée par le virus du Covid-19.
Nous comprenons entièrement la décision du gouvernement et supportons les efforts visant à prioriser la santé des Québécois-e-s. Ceci fait cependant en sorte que des milliers de travailleur-euse-s de cette industrie ont été mis-e-s à pied. Nous représentons comme organisation syndicale plus de 600 de ces travailleur-euse-s chez certains employeurs œuvrant dans ce domaine au Québec, dont le plus important étant Cineplex, mais aussi le Cinéma Beaubien et le Cinéma Le Clap. C’est plus de 5 500 emplois qui sont touchés par la présente crise dans ce secteur et c’est au nom de l’ensemble de ces travailleur-euse-s et de toute l’industrie du cinéma que nous demandons votre intervention.
Quelques chiffres :
L’industrie du cinéma au Québec comprend 102 établissements actifs enregistrés en 2018 répartis partout dans la province, des grands centres à toutes les régions administratives. C’est 157,8 millions de recettes au guichet, 951 000 projections pour 18,8 millions d’entrées (Optique Culture no.69, Février 2020). Malgré les nouvelles technologies, l’exploitation de salles de cinéma continue de participer activement à l’économie du Québec en raison de l’emploi créé et de son chiffre d’affaire globale.
Situation de la main-d’œuvre :
La majeure partie de la main-d’œuvre est certes composée d’emplois à temps partiel, mais elle est aussi composée de centaines de postes à temps plein. De plus, les besoins en main-d’œuvre ont aussi évolué avec le temps et, pour plusieurs, même à temps partiel, cet emploi est une source de revenus nécessaires, qui leur permettent de vivre, de payer un appartement, de payer leurs études et de voir à leurs besoins essentiels, voire même d’élever une famille.
Préoccupation au niveau de l’industrie :
La situation présente nous préoccupe du côté de la survie même de certaines de ces entreprises, que nous ayons ou pas à l’heure actuelle une relation avec celles-ci. Je suis moi-même dans le milieu depuis plus de 35 ans et notre syndicat est présent dans l’industrie depuis ses débuts au cinéma Ouimestoscope en 1912. Nous connaissons donc assez bien l’industrie et savons que tous les exploitants ne sont pas nécessairement au même niveau en termes de capacité financière. Cependant, la situation actuelle aura un impact dévastateur sur toute l’industrie, tou-te-s participant-e-s confondu-e-s. Que ce soit les principales chaînes ou le circuit de cinéma plus indépendant, nous croyons que tous devraient bénéficier, en fonction de leur situation, d’une certaine aide économique gouvernementale pour faire face à cette crise. Une aide immédiate et une aide ultérieure lorsque la relance des opérations sera possible. Par ailleurs, dans le cas des PME de l’industrie, il est crucial que certaines belles initiatives entrepreneuriales des dernières années puissent à nouveau continuer d’offrir leurs services lorsque cette crise sera finie.
Les employeurs de l’industrie vous feront certainement leurs propres représentations, mais nous tenions nous aussi à joindre notre voix à cet appel afin d’appuyer toute l’industrie de l’exploitation de salles de cinéma, une industrie pour laquelle nos membres et autres travailleur-euse-s, syndiqué-e-s ou non œuvrent semaine après semaine afin de divertir la population tout en soutenant l’économie du Québec.
Le secteur culturel tout entier vit un défi extrême et fera tout pour renaître quand les projecteurs s’allumeront à nouveau.
Le cinéma est un apport considérable au domaine de la culture et du divertissement pour toutes les raisons énumérées plus haut et j’aimerais vous laisser sur cette citation de l’acteur Vincent Cassel « Le cinéma est un divertissement, et les gens vont au cinéma parce qu’ils veulent se sentir bien et oublier tout ».
Nos salutations les plus distinguées,
Sylvain Bisaillon
Président
IATSE Local 262